Le 48th Highlanders a été l’une des premières unités canadiennes à combattre pendant la Deuxième Guerre mondiale. En juillet 1943, les membres du régiment ont débarqué en Sicile au sein de la 1re Division d’infanterie canadienne. Presque sans interruption, ils ont combattu jusqu’à leur dernière grande bataille de la campagne d’Italie, en décembre 1944 : la traversée de la rivière Lamone. En février 1945, ils se sont déplacés vers la zone des marais de Ravenne. En mars, ils ont traversé la France pour rejoindre les soldats canadiens qui avaient débarqué en Normandie et combattu jusqu’aux ports de la Manche et à l’estuaire de l’Escaut. À la mi-avril, les deux Corps de l’armée canadienne étaient réunis et prêts à libérer le Royaume des Pays-Bas.
Le 48th Highlanders a fait partie de l’opération CANNONSHOT, qui avait pour objectif de traverser la rivière IJssel pour libérer la ville d’Apeldoorn. En résumé, le 2e Corps canadien devait avancer en premier. Il devait progresser vers le nord et l’est, avec la rivière IJssel sur son flanc gauche. Une fois le côté est de la rivière IJssel sécurisée, la 1re Division d’infanterie canadienne devait traverser la rivière pour avancer vers Apeldoorn. Ensuite, le 1er Corps canadien était chargé de lancer une attaque en direction du nord-ouest. Il devait d’abord s’emparer de la ville d’Arnhem dans le cadre de l’opération ANGER, puis progresser rapidement vers le nord lors de l’opération CLEANSER. Le but était d’encercler peu à peu les défenseurs allemands d’Apeldoorn pour les piéger.
Libération d’Apeldoorn (16 et 17 avril)
Le lendemain, au lever du soleil, le 48th Highlanders se trouvaient dans une situation précaire. L’artillerie ennemie n’avait pas encore été neutralisée. Situés à l’ouest du canal, les Allemands ouvraient le feu sur les soldats qui traversaient les zones dégagées, à l’aide de mitrailleuses et de fusils de précision. Le soldat Robert Hyson a été tué par un tir d’artillerie près du canal. Suivant son décès, le capitaine Murdock a écrit à l’épouse de Hyson, restée en Angleterre : « Vous avez perdu un mari formidable et nous avons perdu un ami cher au sein de la compagnie ». Pendant ce temps, les troupes allemandes coincées sur la rive est du canal refusaient de se rendre. Counsell et les hommes du 48th Highlanders ont donc passé la journée à nettoyer méthodiquement les dernières positions ennemies de ce côté du canal.
Plus tard dans la journée, des Typhoons de la Royal Air Force ont attaqué les positions allemandes à l’ouest du canal, pendant que le Génie royal canadien commençait la construction d’un pont à l’écluse. Alors que le 48th Highlanders se préparait à traverser le canal, le brigadier « Des » Smith a annoncé un changement de plan. Le Royal Canadian Regiment prendrait les anciennes positions du 48th Highlanders, pendant que ce dernier reculerait d’environ trois kilomètres pour se préparer à entrer dans la ville par le nord. Pendant ce temps, l’artillerie canadienne était repositionnée pour soutenir l’opération de traversée du canal. Or, même si une telle puissance de feu était essentielle pour appuyer l’attaque, elle aurait presque certainement détruit une grande partie de la ville historique.
Pendant que la 1re Division d’infanterie canadienne se préparait à traverser le canal, l’attaque menée à l’ouest d’Apeldoorn par la 5e Division blindée canadienne, dans le cadre de l’opération CLEANSER, a placé les défenseurs allemands dans une situation difficile. S’ils ne se repliaient pas rapidement, les soldats allemands seraient bientôt encerclés. Le 16 avril, les troupes ennemies ont profité du couvert de la nuit pour quitter discrètement leurs positions. Les Canadiens n’ont appris leur départ que lorsque Gijs Numan, un résistant néerlandais, a traversé le canal pour leur transmettre la nouvelle. Les soldats du Royal Canadian Regiment, naturellement sceptiques, n’en ont été convaincus que lorsque Numan est revenu avec plusieurs prisonniers allemands. Grâce à ce dénouement, Apeldoorn a échappé à une attaque dévastatrice.
Le lendemain, le 48th Highlanders a franchi le canal et fait son entrée dans le nord d’Apeldoorn. Le régiment n’a pas eu le temps de célébrer la victoire, devant aussitôt se lancer à la poursuite des forces allemandes en fuite. Une colonne volante, placée sous le commandement du major Beal, a été envoyée à Harderwijk pour rejoindre la 5ᵉ Division blindée canadienne, parcourant plus de 110 km en moins de cinq heures. Sachant que ses troupes risquaient d’être encerclées, le Generaloberst Johannes Blaskowitz, commandant des forces allemandes, a menacé d’inonder les Pays-Bas. Une trêve temporaire a alors été conclue pour permettre d’acheminer en urgence de la nourriture à la population néerlandaise affamée. Le 5 mai, à Wageningen, Blaskowitz a capitulé devant le lieutenant-général canadien Charles Foulkes.
À l’issue de la guerre
Le 48th Highlanders a perdu 18 soldats au cours de l’opération CANNONSHOT. Au fur et à mesure que les hommes tombaient au combat, leurs corps étaient transportés à l’arrière pour être enterrés. Le capitaine Alex Rapson, l’aumônier de l’unité, a trouvé un lieu convenable pour les enterrer, situé sur la digue qui protégeait le village de Wilp contre les crues de la rivière IJssel. Les équipes de travail ont transporté les corps un par un jusqu’au sommet de la digue, où ils ont été enterrés côte à côte. Chaque tombe était marquée d’une croix blanche, autour de laquelle les habitants de Wilp ont déposé un impressionnant assortiment de fleurs. D’après les récits de Rapson, chaque tombe était ornée de quatre bouquets de lys rouges et blancs et des pensées avaient été plantées pour former des anneaux autour des tombes. Parmi les fleurs coupées, on retrouvait des lilas blancs et mauves, ainsi que des tulipes rouges, jaunes, orangées et blanches. « Les croix blanches semblaient émerger d’une magnifique mer de fleurs », expliquait Rapson.
À quelques jours de la fin de la guerre, James Counsell (qui était désormais lieutenant-colonel) est retourné à Wilp en compagnie de 3 officiers, du sergent-major de la compagnie, de 4 sergents et de 15 soldats de chaque compagnie, pour y tenir un service commémoratif. Les personnes présentes ont été touchées de voir à quel point les habitants de Wilp avaient pris soin des tombes. Soixante personnes du village ont assisté à la cérémonie. Un membre du clergé local a demandé à prendre la parole et a promis que les tombes seraient toujours entretenues. Par la suite, les corps ont été transférés au cimetière militaire canadien de Holten. Encore aujourd’hui, des enfants néerlandais déposent des fleurs sur les tombes à Holten, et les gens de Wilp continuent d’honorer le lieu où les soldats avaient été enterrés à l’origine.

Tableau d’honneur des membres du 48th Highlanders ayant participé à l’opération CANNONSHOT
ARMSTRONG, caporal, GEORGE R. 30 ans. Fils de John et Mary A. Armstrong, de Newcastle-on-Tyne, Angleterre.
ARMSTRONG, caporal, GEORGE R. 30 ans. Fils de John et Mary A. Armstrong, de Newcastle-on-Tyne, Angleterre.
CASS, soldat, GORDON HENRY CHARLES. 21 ans. Fils de Harry et Ruby Cass, de Toronto (Ontario).
CONNELLY, soldat, LEONARD OLIVER. 18 ans. Fils de James Frederick et Louise Mary Connelly, de Sudbury (Ontario).
DUCHARME, soldat, JAMES. 22 ans. Fils de Pascal et Virginia Ducharme, de The Pas (Manitoba).
GAYNER, soldat, JORDAN W. 24 ans. Fils d’Albert (décédé) et d’Ethel Gayner, de Toronto (Ontario).
GUNTER, soldat, BERTON CHARLES. 27 ans. Fils de Robert et d’Ethel Gunter, de Toronto (Ontario).
HARRIS, soldat, FRANK. 27 ans. Fils d’Allan et de Margaret Harris; époux d’Ilene Harris, d’Oakville (Ontario).
HYSON, soldat, RONALD V. 24 ans. Fils de Kempton et Grace Hyson, de Bridgetown, comté d’Annapolis (Nouvelle-Écosse); époux de Kathleen Hyson.
IRONS, soldat, GEORGE BRADLEY. 36 ans. Fils de Wesley et d’Elizabeth Irons, de Curve Lake (Ontario).
JAMIESON, soldat, ROBERT. 21 ans. Fils de Robert et Jane Hamilton Jamieson, de Milner (Colombie-Britannique).
JONES, soldat, GEORGE ALEXANDER. 26 ans. Fils de George (décédé) et de Mable Jones, de Gravenhurst (Ontario); époux de Stephanie Marie Jones, de Hamilton (Ontario).
MACKENZIE, lieutenant-colonel, DONALD ALEXANDER. 30 ans. Fils de Kenneth (décédé) et de Marguerette Mackenzie, de Owen Sound (Ontario); époux de Mary Louise Mackenzie et père de Louise Mackenzie, de Toronto (Ontario).
McCUTCHEON, capitaine, HAROLD JAMES. 35 ans. Fils de Norman et May McCutcheon, de Toronto (Ontario); époux de Ruth Ann McCutcheon et père de Richard et William McCutcheon.
OLIVIER, soldat, RONALD. 20 ans. Fils de Paul et Elvira Olivier, de Montréal (Québec).
POPE, soldat, HARRY DOUGLAS. 21 ans. Fils de Harold et Evelyn Lucy May Pope, de Toronto (Ontario).
STAUGHTON, soldat, WILLIAM JOHN EDWARD. 19 ans. Fils de William S et Katie Staughton, de Toronto (Ontario).
TOWNSON, caporal, JAMES L. 25 ans. Fils de George et Ellen Louisa Townson; époux de Bernice Norma Townson et père de Jimmie Townson, de Toronto (Ontario).
WILLIAMS, lieutenant, JOHN FREDERICK, 29 ans. Fils de John H et d’Annie Williams, de Peterborough (Ontario).
À noter : le soldat Steven J. Motkaluk, décédé le 2 mai 1945, repose également au cimetière militaire canadien de Holten. Il est mort dans un camp de prisonniers de guerre allemand, puis a été inhumé à nouveau à Holten.
Article rédigé par Tyler D. Wentzell, pour Honouring Bravery
