Trois premières pour la capitaine Nichola Goddard


Le 17 mai 2006, les Forces armées canadiennes et l’Armée nationale afghane (ANA) sont impliquées dans un échange de tirs dans le district de Panjwaye. La bataille de Bayanzi découle de leur mission visant à protéger une partie du sud de la province de Kandahar contre un éventuel assaut des talibans. Alors que les unités tentent de procéder à la capture de quinze hommes cachés dans une mosquée, elles se retrouvent sous une pluie de tirs intense venant des militants se trouvant dans les maisons environnantes. Ce jour-là, un officier observateur avancé de la batterie A du 1er régiment du Royal Canadian Horse Artillery (1RCHA) accompagne la compagnie C du 1er bataillon du Princess Patricia Canadian Light Infantry (PPCLI). Le travail de cet officier est de coordonner les tirs des obusiers M-777 de 155 mm et des hélicoptères américains Apache qui les entourent. Cet officier est la capitaine Nichola Goddard, et c’est ce jour-là qu’elle entre dans l’histoire.

L’histoire des femmes dans l’armée canadienne

Dans l’armée canadienne, les femmes vivent plusieurs premières. Au cours de la Résistance du Nord-Ouest, elles commencent à travailler comme infirmières dans les hôpitaux militaires. Pendant la guerre des Boers, un premier groupe d’infirmières est déployé sur une zone de guerre active. Durant la Grande Guerre, plus tard appelée la Première Guerre mondiale, des milliers de femmes canadiennes répondent à l’appel pour devenir infirmières militaires. Le 20 mars 1917, l’infirmière lieutenante Katherine Maud Mary MacDonald, originaire de Brantford, en Ontario, s’enrôle dans le Corps expéditionnaire canadien (CEC). Elle sert outremer et est tuée par un raid aérien lancé par les Allemands sur son hôpital. Elle est le premier membre du service canadien à mourir d’une attaque directe de l’ennemi.

Dans l’armée canadienne, les femmes vivent plusieurs premières. Au cours de la Résistance du Nord-Ouest, elles commencent à travailler comme infirmières dans les hôpitaux militaires. Pendant la guerre des Boers, un premier groupe d’infirmières est déployé sur une zone de guerre active. Durant la Grande Guerre, plus tard appelée la Première Guerre mondiale, des milliers de femmes canadiennes répondent à l’appel pour devenir infirmières militaires. Le 20 mars 1917, l’infirmière lieutenante Katherine Maud Mary MacDonald, originaire de Brantford, en Ontario, s’enrôle dans le Corps expéditionnaire canadien (CEC). Elle sert outremer et est tuée par un raid aérien lancé par les Allemands sur son hôpital. Elle est le premier membre du service canadien à mourir d’une attaque directe de l’ennemi.

Photographie en noir et blanc d'une femme. Elle est visible à partir des épaules. Sous l'image, on peut lire : K. M. MacDonald, tuée lors d'un bombardement à Etaples le 19 mai 1918.
Katharine MacDonald (Imperial War Museums).
Photo de portrait d'une femme en uniforme militaire. Elle se tient devant un grand véhicule.
Nichola Goddard (Encyclopédie canadienne).

Le parcours de la capitaine Goddard jusqu’au village de Bayazi est atypique. Elle naît en Papouasie-Nouvelle-Guinée de deux parents travaillant comme enseignants à l’étranger. En 1984, alors qu’elle a trois ans et connaît déjà la vie de villageois de la Nouvelle-Guinée et la langue locale, ses parents décident de rentrer au Canada. La famille s’installe dans une communauté dénée éloignée du nord de la Saskatchewan. Comme tout enfant, Goddard s’adapte à son nouvel environnement et apprend la langue locale grâce à ses nouveaux amis. Cette région n’est d’ailleurs qu’un des nombreux endroits du Canada où elle va vivre. En 1997, alors qu’elle est dans sa dernière année d’études secondaires, elle soumet sa candidature au Collège militaire royal du Canada, poussée par son désir de servir son pays et d’obtenir une éducation gratuite et un emploi garanti. En 2001, elle est diplômée comme officière d’artillerie.

Affectée au célèbre 1RCHA, Goddard occupe plusieurs rôles à mesure qu’elle gagne en expérience et en rang. Le 11 septembre 2001, 19 hommes prennent le contrôle de quatre vols domestiques américains et mettent en place la plus grosse attaque terroriste survenue en sol américain. Pour respecter ses engagements envers les Nations Unies et l’OTAN, l’armée canadienne se déploie en Asie du Sud-Ouest en octobre 2001. En janvier 2002, les soldats canadiens commencent à arriver à Kandahar, où ils se joignent aux troupes américaines et britanniques pour retirer le pouvoir des mains des talibans et arrêter Al-Qaeda, l’organisation terroriste responsable des attentats du 11 septembre et abritée par les talibans. L’objectif à long terme est d’amener la paix et la stabilité dans la région afghane. Goddard arrive sur place en janvier 2006 à titre d’officier observateur avancé assigné 1er bataillon du PPCLI. C’est son premier déploiement actif à l’étranger.

L’équipe de l’officier observateur avancé travaille à partir d’un véhicule blindé léger (VBL) III. Ce type de véhicules, fabriqués à l’origine par des Canadiens, deviendra emblématique de la guerre en Afghanistan. Plusieurs Canadiens les considèrent comme de fidèles compagnons assurant leur sécurité et leur protection. Équipés d’une mitrailleuse à chaîne de calibre de 25 mm, d’un blindage et de radios, ils constituent une excellente base pour diriger des tirs d’artillerie.

Le savais-tu?

En 2015, l’association Canada Company: Many Ways to Serve réalise qu’il n’y a pas de monument commémoratif pour les Canadiens ayant servi en Afghanistan et décide alors d’en créer un peu partout au Canada à partir de ces véhicules symboliques. Au cours des dix années suivantes, 33 anciens VBL deviennent des monuments permanents honorant la mémoire des 40 000 Canadiens impliqués en Afghanistan et des 165 qui y sont décédés.

Un véhicule militaire sur un socle de pierres. Sur le côté se trouve une plaque commémorative. Cinq couronnes se trouvent au bas du véhicule, près des rochers.
Monument VBL III à Cambridge, Ontario

Goddard est la première officière de combat à diriger des soldats canadiens durant une bataille. Alors que les armées canadiennes et afghanes sont prises sous le feu violent de l’ennemi, Goddard déplace son VBL sur le champ de bataille et coordonne habilement des tirs sur les positions ennemies. Pour cela, elle devient le premier officier d’artillerie canadien à demander un appui-feu depuis la guerre de Corée.

Les talibans commencent alors à réaliser l’importance du véhicule de l’officière et décident de lui tendre une embuscade au moment où les soldats canadiens et afghans se déplacent dans les rues étroites de Bayanzi. Deux grenades propulsées par fusée, l’arme préférée des talibans, sont lancées sur le véhicule de Goddard. Légères, peu coûteuses, abondantes et faciles à utiliser, ces grenades, tout comme les engins explosifs improvisés, sont une des plus grandes menaces pour les troupes canadiennes. Elles ne pénètrent pas le blindage du véhicule, mais au moment de l’embuscade, Goddard a la tête et les épaules sorties de la tourelle du VBL. Des éclats d’obus rebondissent sur le blindage et atteignent l’arrière de la tête de la commandante, la tuant sur le coup. Un membre de son équipe annonce par la radio du VBL que « son rayon de soleil » (l’indicatif d’appel de l’officière) est tombé. Goddard vit alors sa troisième première de la journée : elle devient la première femme des Forces armées canadiennes à mourir au combat.

Nichola Goddard n’a jamais voulu être considérée comme une « femme officier ». Elle souhaitait simplement être une bonne commandante qui accomplit ses missions et prend soin des soldats sous sa charge. La chaîne CBC présente un documentaire contenant des enregistrements de Goddard breffant ses hommes à l’extérieur de son véhicule blindé léger juste avant de partir en patrouille. Ces enregistrements montrent sa confiance, sa compétence et le respect que son équipe lui voue. Son but est accompli, et l’Histoire reconnaît l’importance de son sacrifice. Un lac en Saskatchewan, une école intermédiaire de Calgary et deux bourses universitaires portent aujourd’hui son nom. Nichola Goddard est reconnue comme l’une des meilleures personnes que le Canada avait à offrir.

Article rédigé par Kris Tozer pour Honouring Bravery.


Sources

Anciens combattants Canada (2011). Le Canada se souvient : Les Forces armées canadiennes en Afghanistan. [brochure PDF] https://www.veterans.gc.ca/pdf/cr/pi-sheets/afghanistan-fra.pdf. Consulté le 4 avril 2025.

Canmildoc. (22 novembre 2012). In the Words of a Soldier [documentaire]. CBC. Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=r1ib2LsfUyc.

Valour Canada. Nichola Goddard. [en ligne]. https://valourcanada.ca/fr/biblioth%C3%A8que-d’histoire-militaire/nicolas-goddard/. Consulté le 4 avril 2025.