Avancements médicaux

Image gracieusement fournie par la Bibliothèque et Archives Canada.

Au cours de la Première Guerre mondiale, les nouvelles armes, notamment les chars d’assaut, le chlore gazeux et les mitrailleuses, ont fait des millions de morts et de blessés. Les mauvaises conditions de vie dans les tranchées et les maladies ont également contribué à ce nombre élevé de victimes. Pendant la guerre, 40 000 amputations environ ont dû être pratiquées sur les troupes britanniques, dont plus de 3 000 membres du Corps expéditionnaire canadien. Un grand nombre d’entre elles ont été causées par des infections contractées dans les tranchées.

Le traitement des blessés pendant la Première Guerre mondiale

Examinez le tableau suivant pour connaître le processus de traitement d’un soldat blessé.

Des images gracieusement fournies par la Bibliothèque et Archives Canada, et les Musées impériaux de guerre.

Avancées médicales sur le front

La dévastation causée par les nouvelles armes durant la Première Guerre mondiale a mené à de nombreuses innovations médicales qui sont toujours utilisées aujourd’hui. L’anesthésie, les antiseptiques, les transfusions sanguines, la chirurgie de reconstruction faciale et les appareillages de radiographie mobiles sont nés de la nécessité de traiter des millions de personnes blessées par les armes dévastatrices et dangereuses de la Première Guerre mondiale.

Réflexion : De quelle manière les avancées médicales suivantes ont-elles influencé le rôle des infirmières sur le front?

Appareil de radiographie portable (Library of Congress)

Bien qu’en 1914 plusieurs hôpitaux étaient déjà équipés d’appareils de radiographie, ces derniers étaient toujours loin des champs de bataille. Marie Curie (qui a remporté le prix Nobel pour sa découverte du radium) et sa fille ont créé des services militaires de radiologie et amené ces appareils au front dans des voitures transformées en fourgons à rayons X appelées les «petites Curies». Cette technologie a permis aux médecins de radiographier les blessures directement au front, et donc de voir les éclats d’obus et les balles. Ils pouvaient alors les retirer, ce qui sauva de nombreuses vies. 

Une boîte en bois contenant du matériel médical. À l'intérieur se trouve une bouteille en verre attachée à la boîte. Divers tubes de verre sont exposés à l'extérieur de la boîte.
Trousse de transfusion sanguine (Conseil d’administration du Science Museum, Londres)

C’est au début du 20e siècle que des médecins commencent à explorer les avantages que présentent les transfusions sanguines chez les humains. Avant la Première Guerre mondiale, le Dr. Edward Archibald, de Montréal, et le Dr. Lawrence Bruce Robertson, de Toronto, s’y étaient intéressés de manière indépendante, puis en avaient pratiqué sur leurs patients dans leurs hôpitaux respectifs. Au déclenchement de la guerre, ces deux Canadiens s’enrôlent et réalisent rapidement les avantages que représentent les transfusions sanguines pour soigner les patients en hémorragie et en choc. Ils continuent leurs recherches pour faire avancer le domaine.

L’été suivant, le médecin américain Oswald Hope Robertson est en mesure de présenter la recherche qu’il a effectuée sur la préservation du sang et son adaptation en vue de sa transfusion sur un champ de bataille. Il crée aussi la première banque de sang. En somme, les recherches effectuées par ces trois hommes ont une incidence considérable sur la guerre, mais également sur la pratique de la médecine et de la chirurgie en général. Nous bénéficions encore aujourd’hui de ces innovations.

Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, l’anesthésie était une pratique dont les techniques et les méthodes variaient d’une institution à l’autre. Elle s’est adaptée et s’est développée rapidement, grâce à de nombreux chefs de file qui ont noté les différentes conditions et contribué à y apporter des changements. Elle donne aussi lieu à la création d’une sous-spécialité pour les médecins et les infirmières.

Le capitaine Arthur Guedel, par exemple, a aidé à définir les étapes de l’anesthésie dans le but de former les anesthésiologistes et les infirmières. La création de postes spécialisés d’anesthésiologistes a également permis d’accroître le soutien et la recherche en matière de transfusion sanguine et de réanimation, indispensable dans le cadre du traitement des victimes de chocs. Aussi, en 1915, à l’American Ambulance Hospital, le Dr. George Crile et l’infirmière Agatha Hodgins montrent à leurs collègues comment utiliser un mélange de protoxyde d’azote et d’oxygène pour anesthésier les patients. Cette méthode sera entre autres utilisée pour les chirurgies reconstructives.

Fabrication d’une main artificielle (Bibliothèque et Archives Canada)

Avec l’invention de la première jambe artificielle par Benjamin Franklin Palmer en 1847, le monde de la réadaptation médicale change à tout jamais. Les blessures causées par l’artillerie et la gangrène subséquente ont donné lieu à plusieurs amputations. Toutefois, bien que les soldats amputés ne puissent jamais se rétablir complètement, les prothèses ont considérablement amélioré leur mobilité et leur qualité de vie. Les infirmières ont donc également agi comme physiothérapeutes auprès des soldats faisant usage de prothèses.

Trousse de premiers soins (Australian War Memorial)


Un certain nombre de médicaments ont été développés en temps de guerre. Par exemple, en 1915, Henry Dakin, un biochimiste britannique, met au point une solution d’hypochlorite de sodium, qui tue les bactéries dangereuses sans brûler la chair. Il l’utilisait pour ouvrir les plaies et les rincer, avant qu’elles ne soient refermées par suture, brûlure ou amputation. La technique est devenue connue sous de « méthode Carrel-Dakin », et elle a été adoptée par les médecins de toute l’Europe pendant la guerre. La morphine est aussi devenue très populaire à cette époque, puisqu’elle permettait de soulager la douleur et laisser les grands blessés mourir sans souffrance. Les infirmières devaient être formées et prêtes à administrer ces antiseptiques, anesthésiques et autres médicaments en cas de besoin.

Une infirmière traitant un cas de traumatisme dû à un bombardement (National Museum of Health and Medicine)

Les infirmières sont d’une certaine façon les pionnières des soins de santé mentale. Leurs attentions et leur soutien moral permettent aux soldats de parler des horreurs dont ils ont été témoins sur les champs de bataille. Quelques infirmières avaient également suivi une formation en travail social ou en psychiatrie, ce qui leur était utile pour aider les soldats à rentrer chez eux et à surmonter leurs expériences.

Jean Elizabeth Sword

Don de sang

(musée des 48th Highlanders)
Biographie

Elizabeth Sword est née à Owen Sound, Ontario, en 1893. En septembre 1914, elle s’est enrôlée dans l’armée pour servir durant la guerre et a exercé dans des hôpitaux militaires en France et en Angleterre. Le 22 avril 1918, elle a fait un don de sang pour un soldat qui avait besoin d’une transfusion. Bien que cela l’ait temporairement affaibli, elle s’en est remise et a pu reprendre son poste. En juin 1918, on lui a décerné l’Ordre royal de la Croix-Rouge de 2e classe.

Madeleine Jaffray

La seule femme amputée au Canada pendant la Première Guerre mondiale

(Archives nationales des États-Unis)
Biographie

Madeline Jaffray est née à Chicago en 1889 et a grandi à Galt, en Ontario. Après avoir suivi une formation en soins infirmiers, elle s’est rendue à l’étranger avec la Croix-Rouge française en 1915. Alors qu’elle travaillait dans une unité médicale mobile près d’Adinkerke, elle a été blessée au pied par des éclats d’obus et a dû subir une amputation. Madeline est devenue la seule femme canadienne à avoir été amputée durant la Première Guerre mondiale. De retour au pays, elle a travaillé à l’hôpital des anciens combattants Christie Street de Toronto et s’est fortement impliquée auprès de l’Association des amputés de guerre pour aider d’autres personnes amputées partout au Canada.

Alfreda Attrill

Un physiothérapeute précoce

(Health Sciences Centre Archives/Museum)
Biographie

Alfreda Jean Attrill est née en 1877 à Minden, en Ontario. Elle a d’abord étudié pour devenir enseignante, mais elle s’est ensuite inscrite à l’école de sciences infirmières du Winnipeg General Hospital en 1906. En 1914, elle s’est rendue en France, à Salonique et en Angleterre pour servir comme infirmière. En 1918, elle a suivi une formation de trois mois en « massage militaire » à l’Hôpital canadien spécialisé de Granville, où elle a appris les bases de ce qui est aujourd’hui considéré comme de la physiothérapie. Grâce à cette expertise, elle a aidé de nombreux soldats durant son service. Après la guerre, elle est devenue conseillère pour le département de la santé de Winnipeg et s’est activement impliquée au sein de l’organisation St John Ambulance.