Le débarquement
Le plan
Après les succès en Afrique du Nord, en Italie et à Stalingrad, les Alliés se tournent vers la libération de la France, considérée comme une étape clé dans la défaite des nazis. Le plan pour un débarquement en Normandie, appelé l’opération Overlord, est ainsi approuvé durant la conférence de Québec, en août 1943.
À travers leurs yeux

« Je venais d’entendre parler du jour J quand, en mars ou avril 1944, un messager m’a fait parvenir une enveloppe. Il était écrit dessus en grosses lettres rouges que c’était très secret et réservé au commandant seulement. Je n’étais même pas censée être au courant d’une telle chose. […] J’ai mis l’enveloppe sur le bureau de mon patron et je l’ai recouverte parce que c’était très secret. […] À son retour, il m’a demandé où j’avais eu l’enveloppe. Je lui ai répondu qu’un messager l’avait simplement laissée là. Il était très fâché et m’a dit de la mettre dans le coffre-fort et de faire comme si ce n’était pas arrivé. »
—Ruth St. Clair (1925-2014), membre du Service féminin de la Marine royal du Canada (Avec la permission de Historica Canada).
Déception
Les forces allemandes soupçonnaient qu’une invasion alliée de la France pourrait se produire à 240 kilomètres des plages de la Normandie, dans la région du Pas-de-Calais. Après tout, le Pas-de-Calais offrait une route plus rapide et plus directe entre l’Angleterre et la France, par son détroit. Les dirigeants alliés ont donc profité de cette occasion en effectuant une série de déceptions (sous le nom de code Opération Fortitude) pour faire croire aux forces allemandes que l’invasion aurait effectivement lieu dans le Pas-de-Calais, plutôt qu’en Normandie. Pour contribuer à cette déception, les forces alliées ont mis en scène une fausse armée à Douvres, en Angleterre, avant le jour J. Cette fausse armée comprenait notamment des chars gonflables, des avions en bois et des engins de débarquement factices. Le stratagème a fonctionné et, grâce à cette fausse force d’invasion, de nombreuses unités allemandes ont été détournées de la Normandie.

Jour J
Un an plus tard, en juin 1944, le débarquement de Normandie marque véritablement le début de la fin de la guerre. L’opération Overlord prévoit alors qu’une large force d’invasion, combinant des éléments de l’aviation, de la marine et des blindés, s’abatte sur les défenses allemandes.
Accompagnant les troupes américaines et britanniques, les Canadiens, qui débarquent sur la plage Juno, jouent un rôle d’importance. De ce fait, le débarquement est un moment majeur dans l’histoire canadienne en raison de son ampleur et de sa signification militaire.
« Ça a été le plus grand événement historique de notre époque, il n’y a pas de doute là-dessus. Et il n’y aura sans doute jamais plus quelque chose d’équivalent. Quand vous vous penchez sur le jour J, ça a été la plus grande flotte aérienne de l’histoire de l’humanité, faisant la traversée pour aller en Normandie. […] Dans les premières heures du 6 juin, j’étais en service et j’ai entendu les grondements des avions qui traversaient. J’ai regardé dans le ciel et il y avait des douzaines d’avions remorquant des planeurs. Alors, il était évident que le jour J avait commencé. »
—Roy Halford, soldat du Royal Berkshire Regiment (Avec la permission de Historica Canada).
Les plages
Dans le cadre de l’invasion, les Alliés ont divisé la côte normande en cinq zones de débarquement. Les Canadiens ont reçu pour mission de débarquer sur la plage Juno, un front côtier de près de 10 kilomètres situé près du village Courseulles-sur-Mer.

Une carte des plages de Normandie. Les flèches indiquent le mouvement des forces après le débarquement.
Réfléchissez : En utilisant les images suivantes comme point de départ, quels facteurs ont pu être importants lors de la planification du débarquement ? À quels obstacles les participants devaient-ils se préparer ?




Le saviez-vous ?
La première maison libérée par les Canadiens existe encore aujourd’hui. À quelques pas de la plage, des membres du Queen’s Own Rifles ont libéré la maison en moins de 20 minutes après leur débarquement sur la plage. Depuis, ce bâtiment (désormais connu sous le nom de la Maison des Canadiens) est devenu un symbole important du jour J et un lieu de commémoration pour les personnes qui ont perdu la vie lors du débarquement de Normandie. Cliquez ici pour en savoir plus.
En chiffres
Le débarquement de Normandie a été la plus grande opération combinée aérienne, navale et terrestre de l’histoire. Cette infographie illustre la participation du Canada à cette opération.

Portraits du service
Sheila Elizabeth Whitton
Codeuse du Service féminin de la Marine royale du Canada

Biographie
Née à Toronto le 25 octobre 1922, Sheila Elizabeth Whitton s’est engagée dans le Service féminin de la Marine royale du Canada. Elle est stationnée à Halifax et devient codeuse. En préparation de l’invasion du jour J, elle est envoyée en Angleterre en avril 1944 où elle travaille sur des codes qui contribuent à la réussite de l’invasion. Peu après son arrivée en Angleterre, elle a épousé son petit ami de longue date, Robert Fleming, qui servait à l’étranger dans les Queen’s Own Rifles. Malheureusement, Robert est décédé peu après le jour J, le 11 juin, laissant Sheila veuve.
Lester Brown
Dernier vétéran noir du jour J

Biographie
Lester « Bub » Brown s’est enrôlé dans l’armée canadienne à l’âge de 23 ans et a participé à l’invasion de la Normandie avec les Queen’s Own Rifles. Bien qu’il ait traversé la plage Juno sans blessure, il a été blessé au genou et au menton alors qu’il aidait à prendre la ville de Bretteville-sur-Laize. Après la guerre, il a travaillé comme porteur et chef de train pour le Canadian Pacific Railway. Au moment de sa mort en 2013, il était considéré comme le dernier Afro-canadien à avoir participé aux invasions du 6 juin 1944.
James « Stocky » Edwards
Pilote du jour J

Biographie
James Francis « Stocky » Edwards est né à Nokomis, en Saskatchewan, en 1921. Il s’est engagé dans l’Aviation royale du Canada en 1940 et, après avoir terminé sa formation en Angleterre, il est devenu l’un des rares pilotes alliés à participer à toutes les grandes campagnes alliées : les campagnes d’Afrique du Nord, d’Italie et d’Europe du Nord-Ouest. Il a notamment abattu 19 avions ennemis (plus 7 autres « probables ») et détruit 12 avions et 200 véhicules au sol. Il était considéré comme un as du vol et l’un des meilleurs pilotes de chasse du Commonwealth. Promu chef d’escadron après ses actions en Italie, il participe avec son équipe au débarquement en Normandie le 6 juin 1944. Edwards reste dans l’Aviation Royale Canadienne jusqu’à sa retraite en 1972.